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Fraise Elle pousse de plus en plus dans des "jardins suspendus"

Pour concurrencer la fraise espagnole dont la culture aurait un "impact catastrophique" sur l'environnement, selon le WWF, les fraisiculteurs cultivent ce fruit rouge dans des "jardins suspendus" dont la production représente plus de 20% de la récolte française.

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"Aujourd'hui, la culture réalisée hors-sol représente 20% de la production annuelle totale de la fraise en France, explique Xavier Mas, président de la Section nationale Fraise, qui regroupe les producteurs. "Et elle devrait encore progresser car les fraisiculteurs français cherchent désormais à privilégier la qualité du fruit aux dépens de la quantité", ajoute-t-il. "Garnis de tourbe et d'écorces de pin, les bacs recevant les plants sont installés à hauteur d'homme dans des serres qui ne sont pas nécessairement chauffées. Les fraisiers sont arrosés par du goutte à goutte, réduisant quasiment à zéro toute déperdition d'eau", explique Jean-Claude Le Gall, président de la coopérative bretonne Saveol. "Pour remédier à la pénurie de la main d'oeuvre en raison de la pénibilité du travail (...) nous avons appliqué aux fraises notre mode de culture de la tomate", avec des cageots "à hauteur d'homme" lors du ramassage, raconte M. Le Gall.

"Le reste de la production française est cultivé soit en pleine terre soit à l'abri des +chenilles nantaises+" (réseaux d'abris en plastique), qui sont ensuite "recyclées en totalité", affirme M. Mas. Il n'en serait pas de même en Espagne, selon le Fonds mondial de la nature (WWF), qui vient de dénoncer "l'impact catastrophique" de la culture de la fraise sur l'environnement, dans la région de Huelva. "Cette culture réalisée sur 5.000 hectares (95% de la production du pays) autour du parc national de Donana, engendre 4.500 tonnes de résidus de plastiques par an", affirme le Fonds.

Par ailleurs, toujours selon le WWF, l'irrigation réalisée grâce à des forages a asséché de moitié une des zones humides les plus remarquables de l'Union européenne, assure le WWF. Premier exportateur européen de fraises, l'Espagne qui est devenue champion de la "camarosa" (variété américaine) en faisant appel à la main d'oeuvre marocaine ou roumaine, a toutefois dû réduire sa production. Elle est passée de 350.000 à 250.000 tonnes en quatre ans en raison de la concurrence exercée par l'Italie mais surtout la Belgique (100% de hors-sol) et l'Allemagne. Premier pays importateur jusqu'à ces dernières années et premier consommateur européen avec 3,5 kilos par tête et par an, l'Allemagne est devenue un pays exportateur.

"Les Allemands font appel à la main d'oeuvre polonaise (15.000 l'an dernier), plus de deux fois moins chère que la leur, pour ramasser les 167.000 tonnes produites en 2006 (70.000 en 2002)", explique M. Mas. "Les Français consommateurs de 130.000 tonnes (2,5 kg par habitant) importent aujourd'hui des fraises allemandes, la production nationale ayant été divisée par deux en 15 ans en raison de la concurrence espagnole", explique M. Mas. En 2006, la récolte s'est élevée à 42.000 tonnes contre 90.000 au début des années 90. Si les Français apprécient la gariguette et la mara des bois, ils ont tendance à se perdre dans l'offre de fraises (une centaine) enrichie chaque année de nouvelles variétés. "Cette année, à la fin du printemps, la charlotte va tenter de séduire les Français qui font de la fraise leur fruit préféré", annonce M. Mas.

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